Fascinant. Merci Marin. Ça vaut quasiment le meilleur des épisodes de "The Good Wife". Du bonbon à lire.
Étonnant aussi. Comment on peut se démener pour sauver une amende. Comment on trouve toute sorte d'arguments farfelus pour justifier l'indéfendable. J'y vois, moi psychologue de cuisine, une façon d'essayer de réfuter le bien pire: on a tué quelqu'un. Nos actions ont occasionné de terribles souffrances chez les proches de sa victime. Des personnes pleurent, privées de la présence de celui qu'on aimait. Des enfants seront dans le trouble. Comme pour un cancer, ou une crise cardiaque. Mais là c'est moi qui en est la cause de toute cette tragédie. J'ai de l misère en titi de vivre avec ça. Le déni !! C'est pas de ma faute... c'est l'autre qui a insisté.... j'avais les compétences.... ce n'est pas un bout de papier qui aurait prévenu le crash... vous ne comprenez rien... vous n'êtes qu'une bande de tarlas.... c'est de la faute de l'instructeur... il aurait pu approuvé le vol.... ça ne serait jamais arrivé...
Un accident.
Un accident dont je suis responsable. Il y a eu une perte de vie. Je suis un meurtrier. NON !!! IMPOSSIBLE !!! Il y a des "circonstances". Je vais aller me défendre... le prouver.... je ne suis pas le seul responsable... pas à 100%... sinon je ne pourrai plus vivre avec ça...
Nous, on lit que le 5000 piastres. Ridicule de se défendre ainsi pour un 5000 quand on est si coupable d'une simple infraction, celle d'avoir volé sans licence. Il n'est pas accusé de l'accident, il est accusé d'avoir volé sans licence. La même infraction qu'on lui aurait collée si le vol s’était bien déroulé. Ça nous a coûté combien ? Le temps de l'inspecteur, les audiences à l'aviation civile dans le gros building de la rue McGill que le fédéral a vendue et loue maintenant de la compagnie pour laquelle Mme Julie Couillard travaillait du temps qu'elle zigonnait le sceau royal du ministre Bernier. Les secrétaires, le commissaire, la sécurité, la conciergerie. Ce 5000 piastres nous a coûté un mimimum de 250,000.
Le focus est déplacé. Qu'on gagne ou on perde, je peux maintenant parler de l'audience. De comment j'ai été lésé par cette gang. De comment la SQ a gardé mes papiers. Du décolleté de la greffière. De comment j'ai mis en boîte l'inspecteur quand je lui ai posé telle question. De comment moi aussi j'ai souffert de mes blessures. Je suis passé à autre chose.
J'ai pu un peu oublier. J'ai pu un peu retrouver le sommeil. Je n'ai plus le regard triste de cet enfant que j'ai croisé l'autre fois sur la rue et qui semblait m'accuser du poids de toutes les tragédies de l'humanité.
C'est à ça que ça sert, des fois, les amendes. À nous absoudre de nos péchés. À continuer à vivre pour nos proches, pour soi-même. J'ai payé ma dette à la société. J'ai le droit de revivre.
Avant, on avait le confessionnal pour ça. Situé dans une église qui coûtait encore plus cher que les locaux de la cour fédérale du Tribunal de l'aviation Civile. On se mettait à genoux, et on déclarait nos péchés. S’ils étaient petits, fallait dire une couple de Jésus-Marie. S’ils étaient gros, fallait faire une petite crossette à monsieur le curé. Quand on sortait de là, on avait l'âme redevenue immaculée. On avait payé. Le foutre du curé a simplement été troqué pour le 5000 piastres de l'amende. A vous de choisir ce qui expie le mieux.
On peut maintenant revivre.
Mes sympathies sincères à toutes les victimes. Et ça inclut monsieur le tarla. A condition qu'il ait compris quelque chose pour le futur. Que vous puissiez tous de nouveau profiter de cet incroyable cadeau qu'est la vie.
Un accident. Des tragédies. Il faut maintenant passer à la vie qui nous unit, nous les vivants.
Louis